Par Véronique Paré pour lahuun.com – Publié le 2020-04-09
Alors que la pandémie du COVID19 bloque la planète, dans les champs et les vergers, la nature déroule son cycle phénologique et produit si c’est la saison.
Au Pérou, c’est la production de cacao blanc ou cacao cupuaçu qui a démarré, en même temps que la pandémie.
Le cacao cupuaçu est un arbre originaire du Brésil, introduit en 1997 dans la région de Madre de Dios (Sud-est du Pérou) qui appartient à la famille Theobroma grandifolia L. , un cousin du cacaoyer « chocolat » ( Theobroma cacao L.) . Theobroma grandifolia L. produit de grosses cabosses lisses et de couleur brune avec à l’intérieur de grosses fèves blanches, très riches en matière grasse (beurre de cacao), qualité pour laquelle il est cultivé. Cette matière grasse est utilisée en confiserie et en chocolaterie industrielle mais trouve également un débouché local important auprès des restaurateurs et glaciers péruviens.
Les fruits du cacaoyers ne tombent pas de l’arbre à maturité, il faut les récolter et les traiter. Si les cabosses ne sont pas récoltées elles poursuivent leur maturation mais se dégradent et une fois cueillis, les fruits doivent être ouverts sous 3-4 jours pour éviter le démarrage de la fermentation à l’intérieur des cabosses.
Le Cupuaçu n’est cultivé que dans la région de Madre de Dios (Sud-Est Pérou), le long de l’axe autoroutier interocéanique, où les plantations de cupuazu produisent environ 120 tonnes par an. La Cooperativa Agraria de Servicios Múltiples Sur Oriente (COOPSSUR), qui compte 20 membres et 32 hectares de cultures, est l’une des communautés les mieux organisées pour la production et la commercialisation de cupuazu. En un an, il s’y produit 50 tonnes de fèves de cupuazu.
C’est là que le journaliste Manuel Calloquispe du quotidien péruvien El Comercio s’est rendu pour rapporter que dans le contexte actuel, en l’absence d’acheteur et les voies de communication étant coupées, les producteurs n’ont d’autre choix que de détruire leur production car ils ne disposent pas d’équipement réfrigérés pour y stocker la pâte de cacao.
La même chose se produit dans les plantations d’ananas où toute la production est mature et pourrit sur place. Plus d’une culture sont donc impactées par les mesures imposées par la pandémie.
Le cas de ce problème péruvien illustre les conséquences des mesures d’isolement sur les chaînes d’approvisionnement internationales, certes, mais également locales avec un impact potentiellement plus important concernant les denrées alimentaires, périssables et/ou de première nécessité.
Repenser et diversifier les activités pour assurer une production locale minimale qui permettrait de s’affranchir d’une si grande dépendance pour tout et partout ? Revoir nos besoins, repenser nos envies, reprendre le contrôle de nos choix, ….
La révision de la mondialisation telle qu’elle existe ? Pourquoi pas ?